Une veillée funèbre. Une jeune femme, Sally B., est au centre de l’histoire. En compagnie d’autres membres de sa famille, elle veille le corps de sa sœur jumelle, disparue dans des circonstances étranges. Le temps s’écoule au rythme des souvenirs et des rires nerveux ou maladroits. On contourne, on sous-entend et, petit à petit, la tension aidant, des conversations badines à l’incompréhension générale, cette veillée se transformera en une enquête policière où la méfiance et la surveillance agiront comme autant d’adjuvants à une intrigue où chaque victime est susceptible d’être l’assassin et où la vérité est loin de se trouver là où on la cherchait.
Premier opus de la Trilogie des parenthèses d’Anne-Cécile Vandalem, (Self) Service se joue de nos peurs en abordant avec un certain humour la question de l’enfermement, de la faculté qu’à l’homme de s’isoler et de se multiplier à la fois, et tente d’observer les dérives liées à ce phénomène. Prenant comme prétexte une enquête policière où la recherche de la vérité a des allures d’introspection et où la peur, l’ultra surveillance et la méfiance sont les acteurs principaux du récit, (Self) Service pose la question de l’identité, de l’appartenance au groupe avec la cellule famille comme métaphore d’une société paranoïaque qui tend de plus en plus à se refermer sur elle-même.
Sur le plateau, une maison à taille réelle, boîte gigantesque et hermétiquement séparée du public par une grande baie vitrée : fenêtre ouverte sur l’appartement de Sally R, une jeune femme au bord du suicide. Seule son ombre est visible par-delà les tentures fermées de son appartement. L’instant passe et elles s’ouvrent sur quatre femmes improvisant, malgré leur tristesse, la veillée funèbre de l’une des leurs : la jeune Sally B, retrouvée morte, calcinée sur son banc solaire. Le public, relégué au statut de voyeur par la distance que le dispositif lui impose, assiste à une enquête au cours de laquelle quatre femmes tentent de répondre à la question qu’il se pose : à quoi suis-je en train d’assister ?
« Chaque fois que je viens voir quelque chose à Vidy, c’est bien ! » Entendue à la sortie de (Self) service, la réflexion est flatteuse pour le théâtre lausannois du bord de l’eau, mais elle est surtout justifiée en ce qui concerne la nouvelle création détonante de la jeune metteuse en scène belge Anne-Cécile Vandalem. Fascinant objet artistique, burlesque et morbide, (Self) service joue avec les sons comme avec les sens et fait entrer les spectateurs dans l’intimité d’une étrange famille, exclusivement composée de femmes.
Corinne Jaquiéry, Le 24 Heures, 2008.
Concept, écriture et mise en scène Anne-Cécile Vandalem
Assistanat de mise en scène Céline Gaudier
Scénographie Julia Kravstsova, Anne-Cécile Vandalem
Assistanat scénographie Valérie Perin
Régie générale Marcel Challet
Création costumes Laurence Hermant
Création musicale Pierre Kissling
Création sonore Fred Morier
Création lumières Samuel Marchina
Avec Brigitte Dedry, Zoé Kovacs, Lara Persain, Anne-Cécile Vandalem
Création Décembre 2008
Production déléguée Théâtre de Vidy-ETE
Coproduction Théâtre de Namur, Théâtre Les Tanneurs, Das Fräulein (Kompanie)
Avec le support de la fédération Wallonie-Bruxelles, service Théâtre.
1 – 21 décembre 2008 – Théâtre Vidy (Ch)
20 – 31 janvier 2009 – Théâtre Royal de Namur, Le Grand Manège (Be)
10 – 21 février 2009 – Théâtre Les Tanneurs dans le cadre du mini-festival « Elles causent » (Be)
5 & 6 mai 2009 – Maison de la culture de Tournai (Be)
18 & 19 novembre 2009 – L’Espal, Scène conventionnée du Mans (Fr)
1 & 2 décembre 2009 – Le Volcan – Scène nationale du Havre (Fr)
4 & 5 février 2010 – Le Rive Gauche (Fr)
9 – 13 février 2010 – L’Eden (Be)
9 – 12 mars 2010 – Théâtre de la Place (Be)
Christiane Theme
Self Song
Sing a little song
Mambo
Sad Song
Rock n roll housing
Pluie
And so went the night
Tous droits réservés Pierre Kissling / composition