Retenue prisonnière pendant vingt-sept ans dans le sous-sol de sa maison, une petite fille entreprend le récit de son enfermement, l’histoire d’une évasion…
Michel Dupont est une fable sonore. Dans une salle plongée dans la pénombre, le spectateur est invité à prendre place sur un coussin, à l’intérieur d’un cercle délimité par huit enceintes, en regard d’une maison miniature trônant au centre. La salle plonge doucement dans l’obscurité la plus totale et le spectateur est pris au coeur de l’histoire. Mêlant l’héritage du conte populaire et les témoignages de faits divers contemporains, le spectacle développe sous un angle nouveau une thématique chère à l’auteure : la force absolument nécessaire et vitale de l’imaginaire dans une situation d’interdit et d’enfermement.
C’est ainsi qu’il nous est offert d’entrer dans un univers sensoriel envoûtant où l’imaginaire de chacun prendra place à la croisée des chemins : une expérience physique, visuelle et sonore, collective et intime. Sculpté sur un récit tout en champs et hors-champs, offrant différents niveaux de narration et de multiples textures sonores, sous un éclairage oscillant entre rêve et veille, Michel Dupont nous guide et nous perd au cœur d’un royaume dont il nous faut investir le sens.
Non, le noir n’est pas noir. En quelques minutes à peine, l’oeil s’habitue à l’obscurité, perçoit des ombres, des nuances et les autres sens s’aiguisent. Telle l’écoute qui modifie la perception du récit. Nombreux sont donc ceux qui, dès 11h, viennent découvrir « Michel Dupont, réinventer le contraire du monde », sa nouvelle création, programmée à La Manufacture, haut lieu du Off d’Avignon. Et le bouche-à- oreille -forcément – fonctionne à merveille. Ils sont chaque jour un peu plus à se coucher dans le noir, en cercle, autour du donjon, pour se laisser envoûter par une fable sonore inédite.
La libre, Laurence Bertels, Juillet 2012.