Anne-Cécile Vandalem est une actrice, autrice et metteure en scène belge.
Après des études d’interprétation au Conservatoire royal de Liège, Anne-Cécile Vandalem commence sa carrière en tant qu’actrice auprès de divers metteurs en scène et collectifs théâtraux belges.
C’est en 2003, qu’elle débute son travail d’écriture dramatique avec Zaï Zaï Zaï Zaï (2003), suivi par Hansel et Gretel (2005). Depuis lors, la fiction devient la forme de prédilection de l’autrice.
De 2008 à 2013, elle s’engage dans l’écriture et la réalisation d’une trilogie sur la thématique de l’habitation vue comme le lieu de confinement et d’isolement par lequel et avec lequel tout arrive. Partant d’univers ultra-réalistes, elle définit le cadre de tragédies domestiques à la fois individuelles avec (Self) Service (2008), familiales avec Habit(u)ation (2011) et collectives avec After the Walls (Utopia) (2013).
Parallèlement à cette trilogie, elle crée Michel Dupont, réinventer le contraire du monde, une fable sonore pour adultes et adolescents.
En 2014, Anne-Cécile Vandalem entame l’exploration des modalités de la posture et de l’imposture. Elle questionne la capacité d’action et de transformation du réel d’un sujet/individu au sein des différentes sphères sociétales et aborde la problématique du dévoilement et de la fragilité comme posture honnête et/ou stratégique au sein de son écriture. Elle crée trois dispositifs : Still too sad to tell you (installation vidéo), Que puis-je faire pour vous ? (projet dans l’espace public) et Looking for dystopia (œuvre multimédia).
Vient ensuite Tristesses, le premier volet d’une trilogie sur les grands échecs de l’humanité, créé au Festival d’Avignon 2016. Tristesses est un spectacle qui allie le théâtre, le cinéma et la musique, qui lui vaudra le prix du meilleur spectacle aux Prix du Théâtre 2016 (Be), le prix du meilleur spectacle étranger aux prix de la critique 2018 (Fr) et le prix autrice « spectacle vivant » par la SACD (Be). Arctique , deuxième volet de cette trilogie, est présenté lors de la 72ème édition du Festival d’Avignon. Ce spectacle à mi-chemin entre théâtre, cinéma et musique; est un polar sur fond de réchauffement climatique. KINGDOM, dernier volet de cette trilogie, est créé au Festival d’Avignon en juillet 2021.
Anne-Cécile travaille également à l’étranger, notamment à la Schaubühne de Berlin (De), où elle crée DIE ANDEREN (2019).
En 2024, Anne-Cécile entame un nouveau cycle de créations DES MONDES HANTÉS qui, partant de nos impasses et de nos aveuglements, tentera de rendre visibles certaines histoires-fantômes que nos récits dominants nous empêchent d’entendre.
Étiquettes : anne-cécile, bio, biographie, biography, vandalemUn petit village isolé, quelque part au milieu de l’Europe, par un soir d’automne sombre et pluvieux. Alda Ackermann, tenancière de l’Auberge du Vieux Continent, renverse un garçon sur une route de campagne.
Le garçon, Ulysse, est un étranger de passage qui tente de rejoindre le nord. Il veut prendre la fuite mais il est blessé et ne peut être transporté à l’hôpital sans qu’Alda soit découverte. Il est alors soigné dans le village et caché dans l’hôtel.
Rapidement, sa présence ravive des tensions au sein du village. Les ressentiments, les désirs, les obsessions et les fantasmes de vengeance vont se diriger vers l’étranger.
De son côté, Ulysse pose de nombreuses questions sur le village : pourquoi n’y a-t-il aucun
enfant ? Selon quelles règles les gens vivent-ils dans ce village ? Pourquoi se comportent-ils de manière si étrangement suspecte ?
Quelques mois plus tard, Suzanne, jeune étudiante en sociologie, arrive dans le village. Alertée par un appel anonyme, elle est à la recherche d’Ulysse qui a disparu il y a un peu moins d’un an du centre où elle travaillait.
Personne dans le village ne semble avoir aperçu le garçon.
Et pourtant quelqu’un a manifestement attiré Suzanne dans ce village.
Quelqu’un qui cherchait à ce que la vérité éclate.
Quelqu’un qui souhaitait qu’elle en soit le témoin…
DIE ANDEREN est une création pour la Schaubühne am Lehniner Platz, interprété par les acteurs de l’Ensemble.
Étiquettes : anne-cécile, das frauleinRetenue prisonnière pendant vingt-sept ans dans le sous-sol de sa maison, une petite fille entreprend le récit de son enfermement, l’histoire d’une évasion…
Michel Dupont est une fable sonore. Dans une salle plongée dans la pénombre, le spectateur est invité à prendre place sur un coussin, à l’intérieur d’un cercle délimité par huit enceintes, en regard d’une maison miniature trônant au centre. La salle plonge doucement dans l’obscurité la plus totale et le spectateur est pris au coeur de l’histoire. Mêlant l’héritage du conte populaire et les témoignages de faits divers contemporains, le spectacle développe sous un angle nouveau une thématique chère à l’auteure : la force absolument nécessaire et vitale de l’imaginaire dans une situation d’interdit et d’enfermement.
C’est ainsi qu’il nous est offert d’entrer dans un univers sensoriel envoûtant où l’imaginaire de chacun prendra place à la croisée des chemins : une expérience physique, visuelle et sonore, collective et intime. Sculpté sur un récit tout en champs et hors-champs, offrant différents niveaux de narration et de multiples textures sonores, sous un éclairage oscillant entre rêve et veille, Michel Dupont nous guide et nous perd au cœur d’un royaume dont il nous faut investir le sens.
Non, le noir n’est pas noir. En quelques minutes à peine, l’oeil s’habitue à l’obscurité, perçoit des ombres, des nuances et les autres sens s’aiguisent. Telle l’écoute qui modifie la perception du récit. Nombreux sont donc ceux qui, dès 11h, viennent découvrir « Michel Dupont, réinventer le contraire du monde », sa nouvelle création, programmée à La Manufacture, haut lieu du Off d’Avignon. Et le bouche-à- oreille -forcément – fonctionne à merveille. Ils sont chaque jour un peu plus à se coucher dans le noir, en cercle, autour du donjon, pour se laisser envoûter par une fable sonore inédite.
La libre, Laurence Bertels, Juillet 2012.
Hansel et Gretel traite de l’isolement, de sa possible transgression, et de notre rapport à la morale : qu’est-ce qui, de la morale dont nous avons été imprégné le plus souvent à nos dépens, persiste en nous, envers et contre tout ?
Un frère et une sœur, suite à un amour interdit, ont été éloignés l’un de l’autre depuis leur enfance. Des années plus tard, ils se retrouvent dans la cave de la maison familiale pour consommer leur amour en secret. L’histoire se situe le jour de leur mariage. Afin de donner de la consistance à la fête, ils se sont inventés une assemblée d’invités, qu’ils ont eux-mêmes filmés et interprétés devant leur caméra. Une pléthore d’amis, de cousins, de relations vont ainsi défiler dans l’intimité de leur cave. Mais au fur et à mesure de la soirée, les invités se font moins conviviaux et les cadavres ne tardent pas à sortir avec grands fracas des placards… À jouer les apprentis sorciers, ils deviendront prisonniers d’un jeu qu’ils ont eux-mêmes initié.
Au milieu du plateau, une grande table de mariage est dressée. Les acteurs/personnages sont assis au centre. À leurs côtés trônent sept téléviseurs dans lesquels sont diffusés les visages en gros plan de leurs invités. Ces visages, ce sont les leurs, car ils ont eux-mêmes filmé et interprété tous les invités de leur prétendue fête. Habillés et grimés comme des personnages de théâtre ou comme autant d’archétypes d’une société condamnatoire, ils se confrontent à leur propres images, tour à tour juges et bourreaux. Le public assiste à un trouble jeu identitaire où les acteurs/personnages se débattent dans leur propre mise en scène – une fois de plus les acteurs prennent en charge une grande partie de la technique du spectacle – et livrent un combat acharné avec eux-mêmes. Mise en abîme perpétuelle, le dispositif est au centre d’une fiction aux strates multiples, libre à chaque spectateur d’y plonger complètement ou de demeurer à la surface.
Très impressionnante, la nouvelle création de Jean-Benoit Ugeux et Anne-Cécile Vandalem poursuit l’exploration de la solitude abordée avec Zaï Zaï Zaï Zaï. On retrouve un couple isolé, cette fois confronté aux invités de leur mariage. Mais il n’y a personne : les époux ont joué et filmé leurs hôtes. La synchronie entre le jeu des acteurs et les téléviseurs est sidérante. La froideur qu’elle crée l’est tout autant. Notre attention s’y perd un peu, mais notre esprit bout quand il comprend peu à peu les raisons profondes de tout ce dispositif. Un spectacle aussi angoissant que magistral. Laurent Ancion, Le Soir, 2006