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Zaï Zaï Zaï Zaï traite de l’absolue nécessité d’être un « gagnant » dans un environnement où s’offre à nous comme autant de fenêtres sur un monde où chacun est invité à faire état de son malheur ou à prouver aux autres qu’il n’a aucune raison d’exister. La télévision aime tout le monde et les gens paient leur redevance pour se voir eux-mêmes en plan rapproché.

Claude et Corinne sont assis dans leurs fauteuils et regardent fixement une caméra posée devant eux. Ils se remémorent les instants de leur passion : leur vie à Courtrai, les vacances à Maubeuge, les kermesses, le lac gelé, la chute du mur et Mexico 86… Et puis, il y a le suicide de Doggy. Et puis, il y a la mort de « Maman ». Et puis…Le couple se lève, s’habille et enchaîne l’interprétation et la régie d’une panoplie de programmes télévisés : télé-achats, témoignages-vérités, interviews d’invités, émissions culinaires. Au fil de la soirée, imperceptiblement, le ton change, quelque chose se précise… Corinne et Claude ne se parlent pas vraiment. Leur existence est un show leur permettant d’échapper à leur propre condition. Mais le reality show dégoulinant de sympathie dégénère bientôt en interview graveleuse où les invités déstabilisés se font de plus en plus sournois…

Le dispositif est celui d’un salon aménagé en studio de télévision. Les acteurs/personnages sont les techniciens de leur propre jeu. Ils donnent à voir une suite d’émissions télévisées au cours desquelles ils se parlent à eux-mêmes par l’intermédiaire de prétendues caméras. Ils interviennent dans leurs émissions déguisés en animateurs. Au fur et à mesure de l’histoire, la narration bascule et un secret est révélé, qui brisera le couple et dégagera les individus de leur mise en scène : Madame termine enfermée dans une malle pas si magique que ça, son visage en gros plan dans le téléviseur du salon, tandis que Monsieur saute par la fenêtre, chute probable, et nouveau départ…

En séquences (et pas à sketches), dans un décor d’appartement mi-kitsch mi-cosy, à la fois réaliste et factice, truffé d’ustensiles techniques – lancement des jingles et des émissions oblige -, Zaï Zaï Zaï Zaï déroule le fil d’une existence banale: l’amour qui s’étiole, les souvenirs d’enfance, la préparation de la tortilla, le remplacement d’une ampoule, le répertoire des peurs et des contradictions, la vie professionnelle, les voisins, les souhaits, les regrets… Ça grince, ça saigne, c’est trivial et cruel, c’est écrit au scalpel et joué entre distance et proximité par de riches et vives personnalités, c’est dérangeant, effrayant, émouvant, hilarant. C’est maintenant.

Marie Baudet, La Libre Belgique, 2005


« Prix d’interprétation » pour Jean Benoit Ugeux, prix de la critique 2006

Concept, écriture et mise en scène Anne-Cécile Vandalem, Jean-Benoît Ugeux
Interprétation  Anne-Cécile Vandalem, Jean-Benoît Ugeux
Scénographie  Anne-Cécile Vandalem, Jean-Benoît Ugeux
Régie générale Pierre Kissling

Création  Novembre 2003
Production déléguée : Victoria Theater
Avec le support de la fédération Wallonie-Bruxelles, service Théâtre.



6 – 13 novembre 2003 – Victoria Theater, Gand (Be)
10 mars 2005 – Limelight, Courtrai (Be)
15 – 25 mars 2005 – Théâtre 140, Bruxelles (Be)
24 – 29 avril 2006 –  Théâtre de l’Eden, Charleroi (Be)



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